Wall
Triptyque – 3 panneaux 130 cm x 60 cm – ardoise brute et polie – collection privée – 2004

Œuvre de rupture pour Pierre Martin, le triptyque Wall évacue tout parti pris formel pour ne garder que la présence de la matière. Les panneaux muraux sont constitués d’éléments bruts tirés d’une matière dense, virulente, impétueuse, incisive mise en tension par les plages d’ardoise noire polie, dont le velours éthéré apparent appelle le désir de toucher. Le visage opaque, nocturne et lisse de l’ardoise polie est mis en tension par le surgissement de figures géométriques simples aux bords vifs, aux entailles profondes.

Wall procède de l’hétérogène, et assemble des éléments qui lui viennent d’une main triviale, de la collecte, de la fortune, de l’aléa d’errances dirigées au sein d’ardoiseries pyrénéennes. Pierre Martin intègre ces éléments à un projet artistique qui met en exergue leurs caractéristiques propres — rugosités, éclats, âpretés — et les dispose dans une manifestation sans concessions, contondante, presque blessante. Des traits brefs, des lignes saillantes viennent scander la surface de la pierre. Les matériaux conquis sont contraints à un projet qui les excède et les sublime en une fable lumineuse et solaire. C’est une autre manière de retable : une icône originaire, sous-tendue d’une quête spirituelle, qui postule d’emblée un au-delà.

Les formes simples donnent à appréhender des matières composites, schiste et pyrite. Tels les témoins de la verticalisation des menhirs, les spectateurs de ce triptyque tout en verticalité ont sous leurs yeux la métamorphose de la masse en objet mythique, et sont appelés à une forme d’élévation. Cet ensemble de trois panneaux grand format compte parmi ces œuvres sans repentir, toutes tendues vers l’idéalité de leur modèle.

Les passages en italique sont tirés d’une allocution de Jean-Yves Surville-Barland, que nous remercions chaleureusement.

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